L’international Gallois, Ryan Giggs a été de tous les bons coups du règne de sir Alex Fergusson, aujourd’hui s’il a disparu des tablettes mancuniens, il restera les l’un des piliers du club des deux dernières décennies, la rubrique ‘ ‘Foot Retro’’ lui dédie son 1er article. Alors prenez le temps de lire…
Certains y verront une forme de symétrie. Ce mardi 1er mars au soir, la 863ème apparition de Ryan Giggs sous les couleurs de Manchester United s’est achevée comme la première, vingt ans auparavant : sur une défaite. Le 2 mars 1991, un jeune Gallois de 17 ans n’avait pu empêcher Everton de prendre les trois points face aux Red Devils. Pourtant, l’issue du choc contre Chelsea à Stamford Bridge laisse comme un goût d’inachevé. Il faut dire qu’au cours des deux décennies passés, le nom de Ryan Giggs est pratiquement devenu synonyme de victoire en Angleterre.
José Mourinho avait été l’un des premiers à rendre hommage à l’international gallois : « Il suffit de compter les trophées. » À l’heure du bilan, les chiffres en disent long sur le footballeur le plus titré de l’histoire du football anglais : 11 couronnes en Premier League, huit coupes nationales et deux Ligues des champions de l’UEFA.
Sir Alex Ferguson voit en lui le meilleur joueur de l’histoire de la Premier League. Les supporters de Manchester United ont été encore plus loin en l’élisant récemment meilleur joueur de l’histoire du club. Toujours aussi modeste, le principal intéressé s’est dit « très étonné » de devancer d’authentiques légendes comme George Best ou Bobby Charlton. Ils sont cependant bien peu nombreux à contester ce choix.
Appelé à son tour la barre des témoins, le capitaine d’Everton Phil Neville ne tarit pas d’éloges : « C’est mon idole. Manchester a eu de grands joueurs mais il a tout gagné, il a battu pratiquement tous les records. Aujourd’hui, il peut être légitimement considéré comme l’un des plus grands footballeurs de tous les temps. À son âge, il aligne encore les performances de très haut niveau. Les jeunes devraient tous prendre exemple sur lui. C’est une vraie superstar. »
Comme Maldini, ou presque…
Sa longévité au plus haut niveau lui a sans doute permis de devancer de grands noms comme Best, Eric Cantona ou Cristiano Ronaldo. Très populaires auprès des fans, ces stars n’ont brillé que quelques saisons dans le ciel d’Old Trafford. Pour le Français, ce n’est pas tant le niveau de jeu du Gallois qui mérite le respect, que son enthousiasme. « Nous sommes très différents », reconnaît Cantona. « Moi, quand j’aborde un domaine, je me passionne rapidement. J’ai de la chance car je suis quelqu’un de curieux. Je passe rapidement d’un domaine à un autre. Mais j’aime les gens comme Ryan. Je les admire car ils se donnent à fond pour ce qu’ils aiment. Ça me plaît, même si c’est très éloigné de mes préoccupations. C’est la même chose pour Paolo Maldini. »
Véritable icône de l’AC Milan, Maldini a lui aussi tenu son rang pendant plus de deux décennies dans l’un des plus grands clubs européens. À ce titre, il fait partie des rares joueurs de l’ère moderne à soutenir la comparaison avec Giggs. Il existe cependant un domaine dans lequel l’Italien est incontestablement supérieur au Gallois : le premier a disputé quatre Coupes du Monde de la FIFA, le second aucune.
L’ailier de Manchester United aurait pourtant pu opter pour l’Angleterre. Bryan Robson, son idole, a vite tenté de le convaincre de choisir la tunique aux Trois Lions. Mais le jeune homme, originaire de Cardiff, est toujours resté fidèle à sa patrie. Aujourd’hui, certains de ses compatriotes se demandent ce que l’histoire aurait réservé à leur idole, si son choix avait été différent. « Il est fier de son héritage gallois, comme moi », assure son ancien partenaire Clayton Blackmore. « Toutefois, je dois bien avouer que, s’il avait joué pour l’Angleterre, il aurait peut-être été reconnu comme le meilleur joueur du monde. »
Interrogé par FIFA.com, le principal intéressé assure ne nourrir aucun regret. « La Coupe du Monde est une compétition spéciale. Elle évoque nos premiers souvenirs de football. Mais je n’ai pas à me plaindre. J’ai fait une belle carrière et je ne la changerais pour rien au monde. »
L’amour du jeu, la haine de la défaite
On peut le comprendre. Au fil des ans, Giggs a su renouveler son jeu. L’ancien ailier à la redoutable pointe de vitesse a fait place à un milieu de terrain expérimenté et intelligent. Malgré cette évolution, le succès a toujours été au rendez-vous. Ce mardi 1er mars, Giggs a encore embelli sa légende en atteignant les 606 matches de championnats avec Manchester United, ce qui fait de lui l’égal de Bobby Charlton. Le 21 mai 2008, le Gallois avait franchi la barre des 758 matches toutes compétitions confondues, reléguant ainsi aux oubliettes l’autre record de Charlton. Ce soir-là, les Red Devils avaient remporté la troisième Ligue des champions de l’UEFA de leur histoire.
À ceux qui se demandent comment Giggs a pu se maintenir si longtemps au plus haut niveau, Sir Alex Ferguson répond, en vrac : en évitant l’alcool, le chocolat et les fast-foods, en pratiquant le yoga deux fois par semaine et en fréquentant régulièrement un ostéopathe et un acuponcteur. Quant au joueur lui-même, il avoue volontiers que sa haine de la défaite l’a aidé à conserver sa jeunesse. « Quand Chelsea a fait le doublé l’année dernière », ça m’a vraiment énervé, reconnaissait-il la semaine dernière. « Je n’avais pas envie de passer un autre été comme ça. J’avais envie de retrouver les sensations de notre dernier titre. Je repense souvent à ces moments, au moins aussi souvent qu’aux titres que j’ai gagnés. Peut-être même davantage. »
Par chance, Giggs n’est pas du genre à se laisser aller. Quand il tirera sa révérence, il sera définitivement le joueur le plus titré à avoir jamais foulé les pelouses d’Angleterre. Avec un tout nouveau contrat en poche, le Gallois ne semble cependant pas décidé à raccrocher les crampons dans l’immédiat.
Pour mieux comprendre tout ce que Giggs a apporté à Manchester United, peut-être faut-il revenir sur les circonstances qui entouraient ses grands débuts. En mars 1991, les Red Devils restaient sur une série de sept matches sans victoire et n’avaient plus gagné le moindre titre depuis 25 ans. Une défaite contre Everton n’avait donc rien d’étonnant.
Aujourd’hui, on imagine mal Manchester United connaître pareille série noire ou Sir Alex Ferguson se retrouver sous la menace d’un licenciement. Comme toujours, Giggs minimisera son rôle dans l’ascension qui a suivi, mais son talent et son efficacité ont largement contribué à ramener les Red Devils sur le devant de la scène anglaise. Dans l’affaire, le Gallois aura gagné quelques titres et une place au panthéon des plus grands footballeurs de tous les temps.
Ryan Giggs qui ne fait plus partie des plans de Sir Fergusson, restera à jamais gravé dans les mémoires des sportifs britanniques. Salut l’artiste.
Donatien Kautcha
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